Bonjour, dans cette vidéo je vous propose des  éléments de correction à propos du texte de   Durkheim qui est tombé, aujourd’hui même en fait,  au bac 2021 en série générale. Je vais d’abord   le lire et puis ensuite je vous donnerai une  introduction rédigée, et puis un certain nombre   d’éléments pour le développement.

« Chaque peuple  a sa morale qui est déterminée par les conditions   dans lesquelles il vit. On ne peut donc lui en  inculquer une autre, si élevée qu’elle soit,   sans le désorganiser, et de tels troubles  ne peuvent pas ne pas être douloureusement   ressentis par les particuliers.

Mais la  morale de chaque société, prise en elle-même,   ne comporte-t-elle pas un développement indéfini  des vertus qu’elle recommande ? Nullement. Agir   moralement, c’est faire son devoir, et tout  devoir est fini.

Il est limité par les autres   devoirs ; on ne peut se donner trop complètement  à autrui sans s’abandonner soi-même ; on ne   peut développer à l’excès sa personnalité  sans tomber dans l’égoïsme.

D’autre part,   l’ensemble de nos devoirs est lui-même limité  par les autres exigences de notre nature. S’il   est nécessaire que certaines formes de la conduite  soient soumises à cette réglementation impérative   qui est caractéristique de la moralité, il  en est d’autres, au contraire, qui y sont   naturellement réfractaires et qui pourtant sont  essentielles.

La morale ne peut régenter outre   mesure les fonctions industrielles, commerciales,  etc., sans les paralyser, et cependant elles sont   vitales ; ainsi, considérer la richesse comme  immorale n’est pas une erreur moins funeste que   de voir dans la richesse le bien par excellence.

Il peut donc y avoir des excès de morale,   dont la morale, d’ailleurs, est la première à  souffrir ; car, comme elle a pour objet immédiat   de régler notre vie temporelle, elle ne peut nous  en détourner sans tarir elle-même la matière à   laquelle elle s’applique.

» Alors, les premières  phrases du texte étaient vraiment très trompeuses,   et si on gardait en mémoire en permanence ce début  on risquait vraiment de faire un gros contre-sens   sur le texte ; en fait on doit comprendre que ce  début est une simple introduction en quelque sorte   du thème.

Moi-même je vous avoue que pendant  la première demi-heure je dirais de l’épreuve   vraiment l’impression, en travaillant un peu  le texte brouillon, que je ne le comprenais   pas bien, que des choses clochaient, qu’il  y avait un manque de logique quelque part,   mais c’est parce que j’avais le présupposé suivant  lequel c’était le début qui devait vraiment nous   guider sur l’ensemble du texte, alors qu’en  fait pas du tout.

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On a vraiment l’impression   qu’on va avoir un texte qui porte sur ce qu’on  appelle le relativisme des valeurs, alors qu’en   vérité ce n’est absolument pas le cas, le sujet  véritable nous est donné plus tôt à partir de la   ligne 3-4 : « la morale de chaque société prise en  elle-même ne comporte-t-elle pas un développement   indéfinie des vertus qu’elle recommande ? » « tout  devoir est fini » « l’ensemble de nos devoirs est   lui-même limité », « la morale ne peut régenter  outre mesure… » « il peut donc y avoir des excès   de morale ».

Ces cinq extraits du texte suffisent  pour nous montrer que le sujet véritable a à voir   avec le caractère fini ou infini, limité ou  illimité du développement de la moralité. C’est   un sujet assez complexe, j’ai relu des extraits  de l’ouvrage pour voir le contexte du passage et   honnêtement les enjeux du texte pour Durkheim sont  vraiment impossible à deviner sans le contexte,   donc évidemment dans le cadre du bac on veut  en faire totalement abstraction ; je vais vous   proposer un corrigé possible pour ce sujet,  sachant qu’il y a toujours plusieurs façons   possibles de présenter les choses, et je vais  appliquer les différentes règles de méthodes   dont j’ai parlé dans ma vidéo sur la méthode de  l’explication de texte.

L’introduction va suivre   le plan type de l’introduction : thème, question,  thèse, thèse adverse, plan, avec quelques lignes   supplémentaires d’explicitation de la thèse, et  ensuite dans le développement on appliquera les   différentes stratégies que sont la reformulation,  l’analyse de notions, l’exemplification,   la discussion critique, etc.

Alors allons-y pour  l’introduction : dans le texte de Durkheim que   nous allons expliquer, extrait de son ouvrage De  la division du travail social, l’auteur aborde les   thèmes du devoir et de la morale.

La question à  laquelle il répond est la suivante : les exigences   du devoir moral sont-elles limitées ou illimitées  ? Autrement dit, il s’agit de se demander si on   doit penser qu’un développement indéfini de la  moralité serait possible et souhaitable.

La thèse   de l’auteur est la suivante : les exigences de la  morale sont essentiellement finies, de sorte qu’il   peut exister des excès en morale ; ainsi selon  Durkheim, il est possible mais pas souhaitable   d’en faire trop en matière de moralité, il y a une  limite à ne pas franchir.

On peut le comprendre   par analogie avec d’autres types de préoccupations  : il est possible mais pas souhaitable par exemple   de trop manger, ou de trop boire, de trop dormir,  de trop se reposer, ou de trop travailler,   de faire trop de sport etc.

etc. de même il  serait possible mais pas souhaitable d’aller   trop loin pour ce qui concerne la moralité. Cette  thèse s’oppose à celle selon laquelle on pourrait   appeler nos vœux un développement de plus en  plus poussé de la moralité, un progrès indéfini   de la moralité.

Par parenthèse, ça ce n’est pas  quelque chose à mettre dans l’introduction, mais   on pourrait construire toute une opposition entre  Durkheim et Kant, parce que dans la Critique de la   raison pratique notamment, Kant envisage justement  l’idée d’un progrès indéfini de la moralité.

En vérité ce n’est pas du tout l’adversaire  explicite de Durkheim quand on regarde l’ouvrage,   donc c’est simplement un débat que l’on pourrait  faire naître quand on a que sous les yeux le   texte du bac.

Fin de la parenthèse, je reprends  mon introduction. Le texte procède en plusieurs   temps : dans un premier temps Durkheim introduit  le thème de la moralité et la question qui est la   sienne sur un développement potentiellement infini  des exigences morales ; dans un deuxième temps, il   développe le premier sens de sa thèse : il s’agit  de montrer que chaque devoir, chaque exigence   morale particulière est limitée par les autres  devoirs au sein d’une morale donnée, de sorte   qu’aucune augmentation de moralité n’est possible  ; dans un troisième et dernier temps, ligne 9 à   19 Durkheim développe sa thèse concernant le  caractère fini de la moralité dans un deuxième   sens : la morale est limitée par nos besoins  naturels, notamment par nos besoins vitaux,   de sorte qu’il serait dangereux pour la morale  elle-même d’exagérer ses exigences (on pourrait   dire aussi d’outrer ses exigences).

Passons au  développement : le premier passage du texte, on   pourrait dire que sa fonction argumentative c’est  d’introduire le thème, à savoir la morale, et   ensuite d’introduire la question que Durkheim va  poser ; mais il était d’autant plus difficile de   comprendre qu’on n’est pas encore vraiment rentré  dans la thèse du texte que Durkheim s’attarde   un petit peu quand même, 3-4 lignes, sur cette  question de « chaque peuple a sa morale » « elle   est appropriée à l’endroit ou aux conditions dans  lesquelles il vit » ; il ajoute : on ne peut donc   lui en inculquer une autre, on pourrait avoir  l’impression que l’on va devoir parler du rapport   entre les différentes cultures, de la colonisation  pourquoi pas, d’ailleurs probablement c’est à ça   que fait allusion Durkheim au début de ce texte :  des pleuples colonisés, un colonisateur qui essait   d’imposer finalement une nouvelle morale… il était  possible de parler de tout cela mais il ne fallait   pas que cela devienne le centre ou le cœur même  du texte, car en fait si on lit la fin du texte,   enfin tout le reste, on s’aperçoit que c’est un  problème mineur dans le texte.

On pourrait aussi   présenter ce début d’une autre manière, en disant  au fond Durkheim anticipe une objection qu’on   pourrait lui faire : lui son but, c’est de parler  de la moralité en général, de savoir si elle est   finie ou infinie, s’il faut limiter les exigences  morales ou pas, s’il est souhaitable de le faire,   et on pourrait dire : « tout dépend en fait  de la morale », c’est-à-dire : chacun fait   ce qu’il veut, les différents peuples ont  différentes morales, et donc au fond il n’y   a pas de questions philosophiques à se poser sur  ce sujet.

Durkheim s’accorde en fait en partie   avec cette objection qu’on pourrait lui faire,  au sens où il reconnaît qu’ il y a différents   systèmes de valeur, différents systèmes du  bien et du mal, du légitime et de l’illégitime,   qu’on peut envisager suivant les pays, suivant les  peuples plutôt, mais il n’en reste pas moins qu’à   l’intérieur de chaque système moral, de chaque  système de règles valant de manière impérative,   au sens vraiment de l’impératif absolu, on peut  se demander si ce système pourrait être augmenté,   c’est-à-dire s’il pourrait être de plus en plus  exigeant.

On peut présenter cette première partie   comme étant une forme de prise en compte et de  réponse à une objection relativiste qu’on pourrait   faire à Durkheim. Ce tout début du texte pose de  nombreuses questions, notamment la question du   déterminisme, puisqu’il dit : « chaque peuple a  sa morale qui est déterminée par les conditions   dans lesquelles il vit », donc on pourrait  se lancer dans un propos sur le déterminisme,   mais puisque ce n’est pas le sujet fondamental du  texte, il faut le faire de manière assez brève.

Je   rappelle donc juste que la notion de déterminisme  renvoie à la notion de nécessité, de ce qui ne   peut pas être autrement, et on pouvait se demander  par exemple de quelles conditions veux ici parler   Durkheim : conditions naturelles dans lesquelles  un peuple vit, le climat etc.

les ressources   disponibles, est-ce qu’il s’agit d’un peuple  sédentaire ou nomade, comment il produit ses   moyens d’existence… Donnons un exemple précis pour  illustrer le propos de Durkheim : au Paraguay,   chez les chasseurs-cueilleurs Aché ou Guayaki  du xxème siècle, tels qu’ils ont été décrits par   Pierre Clastres, il y a un impératif fondamental  qui est le suivant : les animaux qu’on a tué,   on ne doit pas les manger soi-même.

Cette règle,  qui serait qualifiée de règle morale par Durkheim,   et probablement parfaitement appropriée à leurs  conditions de vie, si on suit l’interprétation de   Pierre Clastres en tout cas, le gibier occupant  une place essentielle dans leur alimentation,   la règle joue le rôle de principe structurant  qui fonde leur société puisqu’en contraignant   l’individu à se séparer de son gibier,  elle oblige à faire confiance aux autres,   à se considérer donc comme dépendant des autres,  elle garantit par là-même la solidité et la   permanence du lien social.

Je précise au passage  que je mettrai peut-être un corrigé complet dans   la description, rédigé, puisque c’est jamais la  même chose finalement d’avoir des indications   et d’avoir vraiment un corrigé rédigé.

Ensuite  il y a ce passage dans lequel Durkheim parle   d’inculquer à un peuple une autre morale ; du  point de vue historique ça fait beaucoup penser   quand même à une entreprise de colonisation,  par exemple de christianisation, et Durkheim   fait la remarque que, si un ensemble de règles  est conforme ou bien adapté à des situations   objectives de vie, alors toute réforme morale,  n’étant pas une réforme des conditions de vie,   ne peut qu’aboutir à une sorte de désastre qu’il  appelle une « désorganisation ».

Puis, donc,   Durkheim en vient à la question qui l’intéresse :  la morale de chaque société, prise en elle-même,   ne comporte-t-elle pas un développement indéfini  des vertus qu’elle recommande ? Quand bien même   on relèverait une diversité infinie de morale ou  de règles collectives, est-ce que chaque société   prise isolément, prise pour elle-même, ne serait  pas prise dans un mouvement de progrès indéfini,   c’est-à-dire sans terme, sans achèvement possible,  un progrès vers une moralité toujours plus   grande ? Cette question, Durkheim va la traiter  en deux temps ; si on appelle sa thèse la thèse   du caractère fini de la moralité, on va voir  qu’il y a deux sens dans lesquels la moralité   est finie.

On passe donc à la deuxième partie du  texte, dans laquelle Durkheim fait une étude que   l’on peut qualifier d’interne à la moralité ;  il s’agit de montrer que les différents devoirs   moraux sont dans une situation d’équilibre les uns  avec les autres, je cite : « tout devoir est fini,   il est limité par les autres devoirs ».

Pour  justifier cet énoncé, qui n’a rien d’évident par   lui-même, Durkheim reprend alors une bipartition  classique des devoirs, consistant à dire que tout   devoir est soit un devoir envers soi-même, soit  un devoir envers autrui.

Sans cette bipartition,   il ne serait pas possible de justifier l’énoncé,  on aurait simplement une liste potentiellement   très longue de nos différents devoirs moraux,  et il serait extrêmement difficile de montrer   que la somme totale de devoir n’augmente jamais  ; et j’utilise ici le vocabulaire de la somme,   vocabulaire quantitatif, qui peut paraître  surprenant, mais c’est bien de cela dont   il s’agit.

Une fois donc que l’on a compris que  l’on pouvait répartir tous nos devoirs moraux en   devoirs envers soi-même et devoirs envers autrui,  il est possible de montrer que le premier ensemble   limite le deuxième et inversement ; on ne peut se  donner trop complètement à autrui sans s’abonner   soi-même et on ne peut développer à l’accès sa  personnalité sans tomber dans l’égoïsme, donc il   y a une sorte de somme à jeu nul : si je développe  davantage mon altruisme, alors je renonce aux   soucis de moi-même ce qui au bout d’un moment  n’est plus tenable, et inversement si je développe   au maximum mes compétences, mes qualités, mes  facultés, alors je me centre sur moi-même, et donc   je pèche par défaut d’altruisme, je me soucie trop  peu des autres.

Il y a donc une sorte d’ équilibre   à trouver, il y a en vérité beaucoup d’équilibres  possibles, chaque société développe son propre   équilibre, néanmoins cela implique à chaque  fois que la somme totale de devoir est finie,   qu’elle ne peut pas augmenter, c’est ça l’idée  de Durkheim.

Ici, comme je disais plus haut,   on pourrait envisager de constituer une sorte de  discussion critique entre Durkheim et Kant. Kant,   par exemple dans la Métaphysique des mœurs, dans  la « doctrine de la vertu » plus précisément,   a opposé les devoirs envers soi-même et les  devoirs envers autrui ; parmi les devoirs   envers soi-même, il y a selon Kant le fait de  développer nos facultés naturelles, et parmi   les devoirs envers autrui il y a notamment le  devoir de [bienfaisance], le devoir d’assister   les autres quand ils sont dans le besoin, et Kant  n’envisage pas vraiment une sorte de limitation   de l’un par l’autre ; il semble qu’on pourrait  être à la fois être plus exigeant par rapport à   soi-même et plus bienveillant ou plus solidaire  avec les autres, sans atteindre la limite dont   veux parler ici Durkheim ; néanmoins puisqu’on  est dans une explication de texte sur Durkheim,   il faut donner sa chance au texte, et remarquer  quand même qu’il a un argument : toute personne   qui se concentre sur le développement de ses  propres facultés et ramenée vers elle-même,   et donc on risque l’individualisme dans ce type  d’attitude.

Inversement il y a aussi une limite   à la générosité, je ne peux pas donner au point  d’être moi-même dans le besoin, et on peut donc   parler d’une limite interne à la morale elle-même,  puisqu’elle est composée de plusieurs devoirs qui   doivent s’agencer les uns par rapport aux autres,  s’équilibrer les uns avec les autres.

Notons   que cette notion d’un équilibre à trouver entre  les différents devoirs implique que Durkheim ne   défend pas réellement un pur relativisme moral,  comme on aurait pu le croire avec la ligne 1,   au sens où, quelle que soit la morale dont on  parle, elle doit éviter les deux écueils que son   l’égoïsme pur d’un côté et le pur abandon de soi  de l’autre.

Il y a donc deux bornes universelles,   qui s’appliquent à toutes les morales possibles.  Ensuite Durkheim va remarquer qu’il y a un   deuxième sens dans lequel la moralité peut être  dit finie ou limitée : l’ensemble de nos devoirs   est lui-même limité par les autres exigences  de notre nature dit Durkheim.

Qu’est-ce que   c’est ici « notre nature » ? C’est en fait  l’ensemble de nos besoins ; on pourrait dire   aussi l’ensemble de nos tendances, parce  que si on pense à la sexualité par exemple,   on pourrait imaginer des morales avec des règles  extrêmement sévères sur la sexualité, mais dans   ce cas-là, on aurait toutes sortes de désagréments  psychiques qui s’ensuivraient.

Il serait possible   de concevoir une espèce de d’accroissement de  moralité, une recherche de plus en plus forte,   ou un développement quantitatif, mais là ce  n’est plus souhaitable. Dans la deuxième partie   du texte, on avait une sorte d’impossibilité  logique à penser un accroissement de la moralité,   une augmentation quantitative de moralité ; dans  ce deuxième sens, c’est possible logiquement mais   ça n’est plus souhaitable, parce que cela s’oppose  à la vie elle-même.

L’exemple de Durkheim,   ce sont les règles morales relatives à la richesse  : on sait qu’il y a beaucoup de règles morales ou   religieuses (la morale et la religion allant  de pair, ce sont du sacré chez Durkheim),   il y a beaucoup de règles morales qui portent  sur la richesse, par exemple il est interdit   dans un certain nombre de sociétés de faire du  prêt à intérêt, dire à quelqu’un qu’on va lui   prêter une certaine somme mais qu’il devra nous  rendre l’année prochaine une somme supérieure,   cela est contraire à la morale d’un certain nombre  de peuples.

Dans la définition de la moralité par   Durkheim, il y a simplement l’idée de la règle qui  vaut absolument, parce qu’on considère qu’elle est   bonne, et donc on pourrait fixer toutes sortes  de règles morales, y compris un vœu de pauvreté   par exemple.

On pourrait considérer qu’il est  immoral de s’enrichir, on pourrait considérer   qu’il est immoral de se soigner par exemple ; il  existe des courants religieux dans lesquels on   n’a pas le droit de se soigner de telle ou telle  manière.

Et l’idée de Durkheim, c’est donc qu’il   faut en quelque sorte freiner cet appétit de la  morale à dévorer tous les secteurs de la société,   ou tous les secteurs de la vie, en mettant des  règles un peu partout.

Ici on peut souligner une   petite difficulté du texte : autant on comprend  facilement pourquoi l’interdiction de toute forme   de richesse pourrait constituer une sorte d’  entrave pour la survie de la société, puisque   si tout le monde doit être pauvre, dans ce cas-là  à la moindre difficulté, à la moindre intempérie,   on n’a aucun stockage alimentaire par exemple,  et donc c’est la famine assurée ; mais il y a   une difficulté sur l’autre côté, c’est-à-dire le  moment où Durkheim dit « voir dans la richesse   le bien par excellence serait aussi funeste » ;  donc là il faut développer une interprétation,   en signalant éventuellement dans la copie que l’on  n’est pas sûr, qu’on va proposer un sens, et qu’   il pourrait y avoir plusieurs sens possibles.

Une  possibilité d’interprétation consiste à dire que,   si on fait de la richesse le bien par excellence,  ce qu’Aristote aurait sans doute appelé la   chrématistique (le fait d’accumuler la richesse  indéfiniment sans but, sans lien avec quelque   chose que l’on voudrait se procurer grâce à cette  richesse), donc le problème de cette attitude,   c’est qu’elle peut en venir à contredire  totalement l’impératif de solidarité ; cette   attitude pourrait même être tout à fait  défavorables aux autres membres de ma société   puisque si mon but c’est de m’accaparer pour  moi toutes les richesses de notre région, dans   ce cas-là les autres n’ont plus rien pour vivre  et mourront, si je vais vraiment jusqu’au bout de   la logique qui consiste à faire de la richesse ma  seule et unique préoccupation.

Mais cette attitude   est évidemment ruineuse puisque si ma société  meurs, je meurs également, donc on voit que   sur ce sujet comme sur les autres, il faut trouver  une sorte de juste milieu.

Alors à propos de cette   notion de « juste milieu », elle était extrêmement  pertinente pour ce texte ; elle vient d’Aristote,   de l’Ethique à Nicomaque d’Aristote ; j’en ai dit  d’ailleurs quelques mots dans ma deuxième vidéo   sur l’Ethique à Nicomaque, vers la fin.

Aristote  propose une sorte de tableau des vertus, qui sont   toujours à considérer comme un juste milieu entre  un défaut et un excès ; par exemple Aristote dit   qu’il faut cultiver le courage, qui est le juste  milieu entre la lâcheté et la témérité ; la   maîtrise de soi ou la tempérance, juste milieu  entre l’intempérance et l’insensibilité ; la   générosité ; juste milieu entre l’avarice et la  prodigalité ; la magnificence, l’ambition avec   modestie, la douceur, la franchise ; l’enjouement,  par opposition d’un côté à la morosité,   de l’autre côté à la bouffonnerie ; l’amabilité,  la justice, la sagacité, à chaque fois on voit   qu’il y a un défaut, un excès, et un juste milieu.

On peut faire une comparaison intéressante entre   le texte de Durkheim et la doctrine du juste  milieu chez Aristote, mais il faudrait essayer de   montrer que Durkheim applique en quelque sorte la  doctrine du juste milieu à la moralité elle-même,   c’est-à-dire qu’on pourrait avoir un excès de  moralité, un défaut de moralité, et puis une   sorte de moralité du juste milieu.

Mais c’est ça  précisément qui rend la thèse de Durkheim un peu   étonnante ; Aristote répondrait assez simplement  : on ne peut jamais être trop courageux, puisque   justement [si on est] si on prend trop de risques,  ça n’est plus du courage, c’est de la témérité,   par exemple, donc on pourrait se demander  si l’application des concepts d’excès et de   défaut à la moralité elle-même fait vraiment sens.

Alors je vais répondre directement à l’objection   que j’ai faite au texte, c’est comme ça qu’on  explique un texte, c’est (en partie) en lui   faisant des objections et en répondant nous-mêmes  à ces objections.

Si Durkheim écrit qu’il peut y   avoir un excès de moralité, c’est parce qu’il  définit la moralité indépendamment de la notion   (finalement) de raison ; dans la tradition  philosophique (je dirais) la plus classique,   par exemple chez Aristote -ça vaudrait aussi pour  Kant par exemple- il faut nécessairement faire un   lien entre moralité et raison, c’est-à-dire que ce  qui n’est pas rationnel est en même temps immoral,   et ce qui est rationnel ou raisonnable est moral  ; tout cela pourrait se décliner de plein de   manières différentes mais là je ne rentre pas  dans le détail puisque justement chez Durkheim   on a un concept qu’on pourrait dire sociologique  de morale, c’est-à-dire qu’il s’agit des règles   des gens, des règles que les gens considèrent  comme importantes par elles- mêmes, et qu’ils   considèrent comme assez haut dans la hiérarchie  des normes, voir sacrées.

Et donc, ces règles,   ça peut être tout et n’importe quoi : de ce point  de vue, il est évident qu’on peut en faire trop   en matière de moralité, puisque l’on pourrait en  faire trop du point de vue de la survie elle-même.

Alors, ce qu’on pourrait faire aussi comme  nouvelle objection au texte, c’est : pourquoi   considérer la survie elle-même comme une sorte de  valeur absolue ? Il y aurait peut-être des morales   dans lesquelles la vie ici-bas n’aurait pas de  valeur par rapport à une vie dans l’au-delà,   et donc au fond une règle morale qui mènerait à  la perte de la société qui l’adopte, ce ne serait   pas forcément quelque chose de très grave.

Ici  Durkheim on peut dire pose comme présupposé que   la morale garde le juste milieu si elle permet sa  propre survie, ça, c’est un présupposé du texte,   donc il faut le dire, il faut l’identifier en tant  que présupposé, on peut ensuite éventuellement   mener une discussion critique par rapport à  ce présupposé, mais ici je ne le ferai pas,   je me contente de le remarquer.

Il faut quand même  ajouter une dernière chose à propos de cette idée   selon laquelle la morale est au service de la  vie, et donc ne doit pas se retourner contre   la vie elle-même ; Durkheim en parle à la fin du  texte, c’est vraiment l’objet des quatre dernières   lignes : il peut donc y avoir des excès de morale  dont la morale d’ailleurs est la première à   souffrir, car comme elle a pour objet immédiat  de régler notre vie temporelle, « elle ne peut   nous en détourner sans tarir elle-même la matière  à laquelle elle s’applique ».

C’est un passage   qui a l’air assez compliqué, mais qui ne l’est pas  tant que ça, il faut expliquer la notion de « vie   temporelle », c’est la vie dans l’ici-bas,  dans le monde de l’expérience, que nous pouvons   voir, que nous pouvons toucher, par opposition  à une vie spirituelle, qui elle est globalement   assez indépendante de la question des besoins,  de la question de la survie matérielle.

Durkheim   essaye donc de présenter comme auto-contradictoire  une morale qui serait si exigeante qu’elle ne   permettrait plus sa propre perpétuation. Durkheim  ne parle pas simplement d’une morale qui serait   tellement outrée, tellement excessive ou exagérée  qu’elle aboutirait à un danger pour la survie,   il veut aussi simplement parler du fait que  de lourdes limitations morales reviendraient   à interdire un très grand ensemble de pratiques  au lieu de réglementer ces pratiques, par exemple   si j’interdis toute forme de sports, alors je  ne peux plus avoir de règles morales concernant   les pratiques sportives, je ne peux plus avoir  les règles du fair-play, les règles du respect   de l’adversaire, ce genre de choses.

La thèse  de Durkheim selon laquelle un excès de moralité   aboutit à une forme d’auto-contradiction de  la moralité a aussi ce sens. Il est temps de   conclure, je vous propose une conclusion rédigée.

Ainsi, Durkheim défend la thèse suivant laquelle   il ne faut pas imaginer qu’un progrès indéfini de  la moralité serait possible. Si par progrès de la   moralité, on entend le renforcement d’un des  devoirs qui composent une morale donnée, alors   ce renforcement se ferait au détriment des autres  devoirs particuliers de cette morale ; un progrès   vers davantage de moralité n’est donc pas possible  dans ce sens.

Si par progrès de la moralité, on   entend une emprise toujours plus grande de règles  morales sur les différents domaines de la vie,   alors ce progrès n’a rien de nécessairement  souhaitable, il peut devenir très gênant voire   impossible si de telles exigences remettent en  cause la satisfaction de nos besoins naturels.

Vous voyez que dans ma conclusion, j’ai distingué  très nettement les parties 2 et 3 du texte, qui   renvoient à des idées quand même très différentes  l’une de l’autre. Dans le reste de ma conclusion,   je vais me permettre une petite critique de  Durkheim : Notons que cette thèse de Durkheim   n’est possible que parce qu’il envisage la  morale sans faire appel à la notion d’une   rationalité morale, la morale apparaît ici comme  un ensemble d’impératifs conçus comme dotés d’une   valeur intrinsèque, quels qu’ils soient.

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Une  optique davantage rationaliste aboutirait à une   conclusion différente, puisque si la morale  se doit par définition d’être rationnelle,   alors l’idée d’un progrès indéfini dans  la moralité devient beaucoup plus facile   à envisager.

Je fais ici implicitement allusion  à la philosophie de Kant, j’en dirai peut-être   davantage dans la version écrite de ce corrigé. On  arrive à la fin de cette vidéo, j’espère qu’elle   vous aura éclairé sur ce texte difficile ; l’une  des leçons qui me semble important d’en tirer,   c’est que l’explication de texte n’est pas  nécessairement la solution de facilité,   et parfois on a des textes très compliqués,  qui nous donne beaucoup de fil à retordre.

Source : Youtube

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